Assitan and the world
BLACK LIVES MATTER
LE COMBAT POUR L'ÉGALITÉ
Juin 2020
Quand j’étais petite, j’idéalisais les États-Unis. À travers les séries que je voyais, la musique que j’écoutais, les stars que j’admirais… Je me demandais sérieusement : « Pourquoi mes parents n’ont-ils pas immigré vers les USA au lieu de s’installer en France ? ». Je pensais naïvement que vivre dans ce pays, était signe de réussite, de richesse et de liberté. Pour tout vous dire, je pensais même que l’Amérique était un pays qui aimait et valorisait les noirs. Je me disais : « Oh, il y a tellement d’artistes noirs comparé à la France… Oh, tout le monde à l'air si heureux ! ».
Un triste sourire se dessine sur mes lèvres en écrivant ces mots. Maintenant, je sais que tout mon raisonnement était faux.
Je ne savais pas que les premiers noirs en Amérique étaient des esclaves. Je ne savais pas ce qu’était la ségrégation raciale. Je ne savais pas que, malgré les apparences, le système aux États-Unis était bâti de manière contrôler les afro-américains et les autres minorités…
J’ai bien grandi maintenant. Je n’idéalise plus les États-Unis, ni aucun autre pays d’ailleurs. À bientôt 24 ans, j’ai vu et entendu beaucoup de choses. Mais honnêtement, je ne suis pas sûre d’avoir tout compris...
Comment comprendre que le racisme et les discriminations existent encore en 2020 ? Comment comprendre que des hommes et des femmes continuent de perdre la vie à cause de leur couleur de peau ? Comment comprendre que certains policiers, censés nous protéger, deviennent des meurtriers ?
Ce texte, je ne l’écris pas par hasard. J’aurais aimé ne jamais l’écrire d’ailleurs... Mais l’actualité a remis en avant, ce sujet que l'on avait presque banalisé, tellement les actes racistes et les violences policières font partie de notre quotidien.
Revenons à l’élément déclencheur : George Floyd.
Jeudi 28 mai 2020
Je me décide à visionner cette vidéo qui circule, depuis plusieurs heures maintenant, sur les réseaux sociaux...
Au bout d'une minute, c'en est déjà trop pour moi. Les images qui défilent sous mes yeux me choquent profondément... Je n'étais pas préparée à voir cette horrible scène. Qui peut l'être ? Qui est conditionné à voir un homme mourir sous ses yeux ? La première chose qui m'interpelle, c'est ce "policier". Son geste terrible, son attitude, son regard, ses paroles… Cette situation semble être si banale pour lui. Est-il réellement humain ? Non, impossible ! Ce que je vois à travers mes yeux, c’est un animal. Une bête qui regarde sa proie mourir et qui, en plus de cela, prend du plaisir à la voir souffrir et implorer. Tellement pervers…
« I CAN’T BREATH », les mots que prononce George Floyd me bouleversent. Sa détresse me fend le cœur. Il sait… Il sait qu’il va mourir sous le genou de ce policier : « I'm about to die the same ».
Dimanche 31 mai 2020
Demain, cela fera une semaine que George Floyd a été assassiné. Il n’y a pas un jour où je n’ai pas repensé à cette vidéo... La scène à laquelle nous avons assisté n’était pas un film. Il n’y avait pas de réalisateur pour dire « COUPEZ » à la fin de la séquence. Après avoir agonisé durant 8 longues minutes et 46 secondes, George Floyd ne s’est pas relevé. C’est la réalité et en 2020, cette triste réalité est vraiment difficile à accepter.
J’ai été témoin d’un meurtre. NOUS avons été témoins d’un meurtre !
J’écris pour mettre des mots sur ce que je ressens, pour tenter d’organiser mes pensées mais je sens mon cœur se serrer. Cet homme avait une famille, des amis, une vie ! Il aurait pu être mon père, mon frère, mon oncle, mon cousin… Je l’imagine se réveiller ce matin-là, et sortir de chez lui en pensant y retourner le soir. A-t-il seulement eu le temps de voir quelques-uns de ses proches ?
Ce lundi 25 mai dernier, le seul véritable crime de George Floyd, c’était d’être noir. Il est mort parce qu’il était noir, voilà tout...
Aujourd’hui, l’hypocrisie et la passivité de la société envers les minorités ethniques, religieuses, sexuelles… me dégoûte.
Ce système massivement corrompu et cette justice à deux vitesses envers ces mêmes minorités me révolte. Adama Traoré, je sais que toi aussi, tu ne pouvais plus respirer ce 19 juillet 2016. Nous le savons tous. Alors pourquoi tes assassins ne sont-ils pas en prison ? Parce qu’ils font partie des forces de l’ordre ? Oui, je le crois bien ! Combien d’autres meurtres ont été passés sous silence car pas de témoins, ni de caméras…
George Floyd aux États-Unis. Adama Traoré en France. Ils n’étaient pas les premiers et ne sont malheureusement pas les derniers. Des hommes et des femmes vont continuer de perdre la vie à cause du racisme et des violences policières. Des familles seront brutalement déchirées. La vérité ne sera pas toujours connue et la justice ne sera pas toujours rendue.
Dimanche 7 juin 2020
États-Unis, France, Allemagne, Angleterre, Nouvelle-Zélande, Japon... Le monde entier se mobilise sur les réseaux sociaux, mais également dans les rues ! Je vois des personnes de tout âge, origine, religion, orientation sexuelle, s’unir pour lutter contre le racisme et les violences policières. Ça me réchauffe le cœur.
Mais il reste encore beaucoup à faire ! Ne crions surtout pas victoire trop tôt. De telles manifestations ont déjà eu lieu il y a 10 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans… Et pourtant, la situation n’a pas évolué. C’est un constat.
Honnêtement, je ne sais pas si quelqu’un ira au bout de ce texte. Mais si tu me lis, peu importe ta couleur de peau, sache que mon intention n'est pas de te blesser ou de t'incriminer. Il est très difficile de trouver les mots justes, surtout pour un sujet aussi sérieux et complexe que celui-ci. Mais j'espère que tu as compris mon message.
« Black Lives Matter », ce n’est pas un combat contre les blancs. C’est un combat contre le sentiment de supériorité qui mène à des meurtres, des bavures policières et à l’injustice. C'est une lutte pour une justice impartiale et l'égalité pour tous.
Mon texte s’arrête ici, mais l’histoire va continuer de s’écrire chaque jour.
J’espère de tout cœur que les choses changeront...
Le racisme ça craint, ça noircit le cœur de la personne qui hait et ça blesse le cœur de la personne qui est haïe.
Assitan
Ps : 27 octobre 2005, Zyed et Bouna à jamais dans nos cœurs <3